« Il est deux points de départ pour les sculpteurs : le solide ou le tendre, sous leurs doigts tout aussi malléables. En terme d’approche technique, leur art s’exprime alors par soustraction ou par addition. Mais la visée est toujours la même… Par goût et par nature, Sylviane Bouchet a choisi le second matériau, séduite par le ciment – d’apparence si banale – qu’elle travaille comme de la glaise. Dans la souplesse un peu rugueuse de cette « pâte », elle insuffle des accents terriens qui enracinent ses créations dans le limon originel.
Ses thèmes de prédilection – le couple, la famille, le désir, le rêve, le voyage, et partant l’amour, l’union, la séparation et l’irrésistible appel d’un ailleurs possible –, saisis dans l’élan même de leur expression, trouvent corps, chair et âme dans des « images » qui croisent l’histoire des hommes et du monde.
La sérénité non dénuée de tension de ses personnages renvoie à nos propres expériences, à nos plus intimes interrogations : qu’est-ce que grandir, partager, offrir ? jusqu’où protéger et quand lâcher prise ? quel engagement supposent nos pas ? où voulons-nous aller, qu’espérons-nous réussir et que désirons-nous réellement vivre ? Autant d’instants dynamiquement figés dans des sculptures vivantes qui évoquent de façon prégnante la notion de seuil dans ses dimensions spatiale et temporelle, affective et intellectuelle. Formes et volumes qui littéralement frissonnent de l’appréhension sereine et de la tranquille inquiétude du geste qui leur a donné naissance. Des œuvres à fort pouvoir d’évocation dont la vérité traduit sobrement le bouillonnement d’être d’une façon à la fois très forte, très tendre et très douce. »
Olivier Gillissen (Editions Les 3 Orangers).
Merci à l’association « Avignon la cité mariale » pour cette vidéo.